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Le bonheur - dissertations de philosophie

  • Dépend-il de nous d'être heureux ?
  • Désirer est-ce nécessairement souffrir ?
  • Accomplir tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?
  • Doit-on tout faire pour être heureux ?
  • Est-il absurde de désirer l'impossible ?
  • Est-il légitime de rechercher son bonheur ?
  • Être heureux, est-ce chercher à satisfaire tous ses désirs ?
  • Faut-il avoir peur de ses désirs ?
  • Faut-il changer ses désirs ou l’ordre du monde ?
  • Faut-il choisir entre la vertu et le bonheur ?
  • Faut-il condamner l’amour de soi ?
  • Faut-il lutter contre ses désirs ?
  • Faut-il renoncer aux désirs pour être heureux ?
  • Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?
  • Faut-il satisfaire tous ses désirs ?

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Corrigés du bac philo – filière générale : “Le bonheur est-il affaire de raison ?”

Être heureux pourrait-il relever d’une décision rationnelle ? Le bonheur n’est-il pas plutôt quelque chose vers quoi nous poussent nos sentiments et nos passions, parfois bien à rebours du raisonnable ? Suivez les pistes de Frédéric Manzini pour ce sujet des plus classiques !  Attention, le plan et la réponse suivante sont une proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

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  • Principales notions mobilisées par le sujet :   bonheur , raison , devoir
  • Auteurs : Aristote , Épicure , Marc Aurèle , Emmanuel Kant

Introduction

« Je dis que pour être heureux, il faut être susceptible d’illusion » , écrit Émilie du Châtelet dans son Discours sur le bonheur  (publié à titre posthume en 1779). La formule a de quoi surprendre, en particulier de la part d’une philosophe et femme de lettres qui a longuement étudié et lu de nombreux livres. Pourtant, ne nous y trompons pas : la marquise du Châtelet est elle-même parvenue à cette conclusion au terme d’une réflexion personnelle qui l’a convaincue qu’il valait mieux se prêter au jeu des apparences, sur les scènes des théâtres comme dans la vie en général, au lieu de chercher à voir ce qui se passe dans les coulisses et au risque de briser la magie du spectacle. Donc la question se pose : le bonheur est-il affaire de raison ou peut-il se nourrir d’illusions ? Quel rôle la rationalité joue-t-elle dans la quête du bonheur : n’est-elle d’aucun secours ou permet-elle de le garantir à coup sûr ?

1) Chacun cherche son propre chemin vers le bonheur de manière empirique

Dans une première perspective, l’on peut partir du constat général qu’il n’y a pas de méthode a priori ou de science universelle qui dirait comment devenir heureux. En matière de bonheur, c’est plutôt le relativisme qui triomphe : chacun essaie de l’être à sa manière, comme il peut, avec ses moyens… mais sans savoir exactement comment s’y prendre, sans théoriser ce qu’il fait, comme s’il s’agissait d’une affaire de circonstances, de hasard et de chance. Ainsi Aristote s’étonne-t-il au début de l’ Éthique à Nicomaque du fait que, si c’est universellement que tous les hommes désirent être heureux, les moyens qu’ils utilisent pour le devenir varient considérablement, comme on peut l’observer devant la diversité des genres de vies qu’ils mènent : certains vivent une vie de plaisirs, d’autres cherchent la gloire ou la richesse, d’autres enfin semblent considérer que c’est en étant vertueux qu’ils pourront toucher au bonheur. N’existe-t-il pas cependant une voie d’accès au bonheur qui soit plus fiable que toutes les autres ? Pour répondre à cette question, explique Aristote, il faudrait d’abord déterminer s’il existe une «   fonction » de l’être humain, comme il en existe pour les parties du corps ou pour les différents métiers qui servent à quelque chose et répondent à un besoin précis.

2) La philosophie comme réflexion rationnelle sur le bonheur

La philosophie elle-même peut néanmoins, surtout pendant l’Antiquité, être conçue comme la réflexion visant à combler ce manque, pour s’efforcer de définir les conditions rationnelles d’un accès au bonheur.

Il en va ainsi de l’épicurisme en particulier, qui vise à éliminer les troubles de l’âme nous empêchant d’atteindre l’ ataraxie , grâce à une analyse logique du contenu de ces troubles. La crainte des dieux ou de la mort par exemple ? À bien y réfléchir, les dieux ont sans doute d’autres préoccupations que nos petites vies, et l’on peut donc rationnellement se convaincre qu’il n’y a pas de raison de les craindre ; en ce qui concerne la mort, il suffirait de comprendre qu’elle consiste dans l’absence de sensations pour en déduire qu’elle n’est donc rien pour nous. Quant aux désirs qui nous agitent, Épicure conseille de calculer rationnellement la satisfaction que nous pouvons en tirer pour décider s’il faut essayer de s’en débarrasser ou les conserver.

De même, le stoïcisme se fonde sur une réflexion sur les causes de notre malheur, que les stoïciens imputent, non aux événements qui nous arrivent mais aux jugements que nous portons sur ces événements. Dans ses Pensées pour moi-même ,  Marc Aurèle   écrit par exemple : « Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. Il dépend de toi de le faire disparaître. »   Il s’agit donc, pour être heureux, de comprendre la nécessité d’infléchir sa disposition intérieure.

3) La raison nous enseigne comment être digne d’être heureux, mais pas comment être heureux

Ces différentes philosophies, toutefois, nous disent moins comment être heureux que comment cesser d’être malheureux. Or il n’est pas certain qu’il suffise de supprimer toutes les causes du malheur pour être  ipso facto heureux. Sans doute celui qui est malade, pauvre, solitaire et âgé estimera-t-il que le bonheur repose sur la santé, la richesse, l’amour et la jeunesse, mais l’expérience prouve que même cela ne suffit pas. C’est le tragique paradoxe du bonheur : on peut avoir tout pour être heureux et rester profondément malheureux, comme s’il y avait quelque chose dans le bonheur d’irréductible qui échappe à toute tentative d’enfermement dans une définition.

En effet, comme l’explique Kant dans les  Fondements de la métaphysique des mœurs  (1785), le bonheur n’est jamais qu’un idéal de l’imagination et pas de la raison. Autrement dit, il est impossible de concevoir rationnellement, c’est-à-dire de connaître précisément ce qui nous rendrait heureux, et nous ne pouvons que nous l’imaginer, mais d’une manière tout à fait incertaine. L’idée de bonheur est hors de portée de la raison théorique ; tout au plus la raison pratique peut-elle nous enseigner comment être digne du bonheur, à savoir en agissant de manière morale. Mais même en méritant le bonheur, il n’est pas acquis que nous le soyons pour autant.

Ce n’est donc pas en se comportant de manière rationnelle qu’on aura la garantie de trouver le bonheur : il existe même apparemment des « imbéciles heureux » qui nous prouvent le contraire. Or peut-être ceux-là ne savent-ils pas même qu’ils sont heureux. Car avoir la lucidité de comprendre ce qui nous rend heureux ou pourquoi nous ne le sommes pas constitue déjà un grand réconfort dans notre quête en direction du bonheur. En cela, et même si elle ne peut nous conduire jusqu’au bonheur plein et entier, la raison nous place au moins sur son chemin.

Retrouvez l’ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2023 :

➤ filière générale :.

1.  Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

2.  Le bonheur est-il affaire de raison ?

3.  Commentaire de texte : Claude Lévi-Strauss,  La Pensée sauvage

➤ Filière technologique :

1.  L’art nous apprend-il quelque chose ?

2.  Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?

3.  Commentaire de texte : Adam Smith,  Théorie des sentiments moraux

Expresso : les parcours interactifs

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Exemple de sujet : Plaisir et bonheur

Dans le Gorgias, Socrate défend l’idée qu’un homme heureux est celui qui est capable de réguler ses désirs, de telle sorte qu’il ne sera pas l’esclave d’une recherche effrénée du plaisir. Se fondant sur une célèbre métaphore d’un tonneau qu’il s’agirait de remplir patiemment des biens les plus précieux et de consolider afin qu’il ne fuie pas, Socrate se voit pourtant opposer par Calliclès une conception plus hédoniste, selon laquelle le breuvage importe peu à condition d’avoir l’ivresse. L’iconoclasme moral de Calliclès, préfigurant la conception sadienne des plaisirs, consiste alors à montrer que l’homme doit rejeter une conception du bonheur uniquement fondée sur la mortification du corps. Le lien entre plaisir et bonheur est en ce sens ambigu. Il faut en effet problématiser la proximité entre les deux termes pour s’apercevoir de toute la difficulté de cette question. Si le plaisir désigne une satisfaction immédiate d’un désir, qui s’accompagne donc d’une sensation de bien-être ressentie par l’homme, le bonheur paraît alors dépendre du plaisir, puisqu’il désigne une satisfaction durable de l’homme, la seule différen... [voir le corrigé complet]